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Comment un restaurant du centre ville genevois traite ses clients non-fumeurs

La scène se passe dans un restaurant de poisson dans le centre ville à Genève. Nous y mangeons à deux, dans la zone non-fumeur (à côté des toilettes). Le reste de la pièce est presque vide, y compris la zone fumeur. Un type assis non loin de nous dans la zone non-fumeur allume un cigare. Nous demandons au serveur de le faire arrêter. Le serveur va alors vers la table du fumeur de cigare et enlève simplement le petit avis en plastique indiquant que c'est une zone non-fumeur. Il se retourne vers nous et nous annonce : « Maintenant, c'est fumeur » !


 
Silvia B., Prilly, septembre 2003

Réponse d'OxyRomandie

A notre connaissance, l'incident que vous rapportez constitue un exemple assez évident de rupture du contrat tacite qu'il y avait entre vous et le restaurateur. La présence des petits chevalets annonçant une zone non fumeur faisait partie intégrante des prestations annoncées qui vous ont amené à décider de manger dans ce restaurant. En changeant unilatéralement cet élément, le restaurateur n'a pas respecté sa partie du contrat, et vous auriez pu refuser de remplir la vôtre, en ne payant que ce que vous aviez consommé avant l'incident et en quittant le lieu.

Au delà de ces considérations juridiques, votre témoignage ne nous surpend hélas pas, même s'il traduit une manifestation extrême de l'ostracisme dont sont victimes les non-fumeurs dans certains cafés et restaurants de Genève (pas tous, ne généralisons pas). Tout cela est une question de culture et d'éducation. Les cafetiers-restaurateurs sont sous la coupe d'un intense lobbying de l'industrie du tabac, qui noyaute certaines de leurs organisations professionnelles. L'industrie du tabac s'efforce d'agiter l'épouvantail de pertes massives de chiffre d'affaires si les fumeurs cessaient de fréquenter leurs établissements à la suite d'une interdiction de fumer. Elle avance systématiquement le chiffre de 30% de baisse de revenu, sans que ce chiffre soit fondé d'aucune façon. En fait, toutes les études sérieuses et indépendantes montrent que dans tous les cas où une interdiction totale de fumer a été mise en place, la fréquentation et le chiffre d'affaires des établissement ont enregistré un progrès net et constant sur plusieurs années.

L'industrie du tabac fait la promotion d'une approche basée sur la « courtoisie et la tolérance » des clients. Cette approche, concoctée par les agences de relations publiques de l'industrie du tabac, est un piège : elle fait porter toute la responsabilité sur les épaules des clients, alors qu'il incombe à nos représentants politiques de légiférer pour que les responsables d'établissements soient obligés d'offrir à leurs clients et leur personnel un environnement qui ne mette pas leur santé en péril.

Le jour viendra où les restaurateurs réaliseront qu'ils se sont fait berner par l'industrie du tabac, et que, pendant toutes ces années où il mettaient en oeuvre cette politique de « tolérance et courtoisie » à sens unique, ils perdaient en fait 20% ou plus de leur clientèle. En période difficile, 20% de clients en moins, ce n'est pas une mince affaire, et cela peut faire la différence entre un établissement rentable ou non rentable. Pour l'observateur attentif, ce déficit de clientèle se constate facilement. Alors que la proportion de fumeurs est environ d'un tiers dans la population, on peut aisément voir que dans de nombreux établissements, la clientèle est composée en majorité de fumeurs. Ces établissements sont donc simplement désertés par les non fumeurs, qui, pour beaucoup, préfèrent rester chez eux plutôt que d'aller manger dans un restaurant qui n'est même pas capable de leur offrir un des services les plus élémentaires, celui d'un air de qualité.

On peut prédire qu'avec la prise de conscience publique des dangers du tabagisme passif, la situation ne peut aller qu'en s'exacerbant. Les non-fumeurs déserteront en plus grand nombre encore les espaces enfumés, ce qui augmentera la concentration des fumeurs, et aggravera le phénomène, pour en arriver à un stade où même les fumeurs - à l'exception d'une minorité d'irréductibles grands accros - seront à leur tour incommodés par la fumée - ils le sont déjà d'ailleurs. La seule issue à cette évolution inéluctable est de suivre les recommandations de l'OMS et de ne plus autoriser la pollution de l'air par la fumée de tabac dans tous les lieux publics et tous les cafés et restaurants. La protection de la santé des clients et du personnel doit avoir la prépondérance sur les profits des transnationales du tabac.

(Témoignage t03-003 - septembre 2003)



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