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« Pour une Suisse romande où il fait bon respirer »




« Est-ce que ce sont nos élus fumeurs, ou pire, les lobbys d'entreprise de tabac qui imposent leur volonté? »

Je suis fâché contre l'apparent désintérêt des autorités en matière de fumée passive dans les lieux publics

Je vous remercie pour les précieuses informations sur votre site, notamment la rubrique « Bonnes adresses : les lieux où il fait bon respirer ».

Je suis fâché contre l'apparent désintérêt des autorités en matière de fumée passive dans les lieux publics. Je vais être papa, et la fumée passive dans les restaurants, centres commerciaux, etc., m’inquiète beaucoup pour notre enfant.

Voici quelques réclamations, notamment contre Migros (malgré leur campagne « Feel Good »):

  • Dans plusieurs restaurants Migros, il faut passer dans une zone enfumée pour ramener les plateaux après le repas (Migros Plainpalais, M-Parc,...)
  • Les centres commerciaux de Balexert et Plainpalais ne respectent pas les non-fumeurs (je crois que c'est Migros qui en est le propriétaire) :
    • Si l'on se promène dans Balexert le samedi, par exemple, nos habits s'imprègnent de fumée, car les gens peuvent fumer dans tout le centre.
    • A Plainpalais Centre, si vous entrez ou sortez du côté de la rue Dancet, vous êtes obligé de traverser une zone totalement enfumée par un bar ouvert en plein milieu du couloir.
  • La plupart des restaurants n'ont pas de zone non-fumeur, et lorsqu'ils en ont une, elle est rarement sans fumée (la fumée de la zone fumeur s'étend jusque dans la partie dite non-fumeur).

Que font nos autorités pour nous protéger nous et nos enfants de la fumée passive dans les lieux publics? Ou bien est-ce que ce sont nos élus fumeurs, ou pire, les lobbys d'entreprise de tabac qui imposent leur volonté? Comment se fait-il que la Suisse est tellement en retard sur l'Europe et les Etats-Unis en matière de protection contre la fumée passive?

Je vous serais reconnaissant si pouviez me dire quelles mesures le législatives Génève et la Suisse va prendre dans ce sens, quelle est votre capacité d'influence dans le milieu politique, et de quelle manière nous pouvons vous aider à lutter contre le tabagisme et la fumée passive.
 
Michel Muller, Genève, mars 2004

Réponse d'OxyRomandie

Merci pour votre message. Comme vous l'avez constaté en lisant les informations qui sont sur notre site, nous sommes d'accord avec vous pour dire que la Suisse en général, et donc Genève en particulier, ont beaucoup de retard en ce qui concerne la lutte contre la pollution tabagique.

Au niveau cantonal, nous sommes dépourvus du cadre législatif qui nous permettrait de revendiquer un air sans fumée dans les lieux public. Au niveau Suisse, il n'existe presque rien, sauf la loi sur le travail, qui permet aux employés de demander un environnement non-fumeur, mais dans la mesure où cela ne va pas à l'encontre des possibilités de l'exploitation. C'est mieux que rien, mais c'est très maigre. On peut supposer que ce manque de protection n'est pas sans relation avec la forte présence en Suisse des transnationales du tabac (Philip Morris à Lausanne, JTI à Genève, BAT dans le Jura), qui ont des moyens financiers énormes et une gigantesque capacité d’influencer la société, tous secteurs confondus (du politique à l'économique, en passant par la recherche scientifique et les médias).

Cependant, nous sommes quand même optimistes. Nous pensons que les choses ne peuvent pas en rester là éternellement - la Suisse n'a pas vocation à rester indéfiniment la lanterne rouge de l'Europe en matière de prévention et de santé publique. Notre association, OxyRomandie, fonctionne comme un groupe de pression et collabore étroitement avec le CIPRET-Genève pour que les choses changent. Nous avons en particulier deux objectifs:

  • Pour la Suisse: La ratification par notre pays de la Convention-cadre de l'OMS pour la lutte antitabac et la mise en place de la législation nécessaire pour être en conformance avec ce traité international (signé par 168 pays);
  • Pour le canton de Genève: L'adoption d'une loi cantonale créant une norme sans fumée pour tous les lieux publics et les lieux de travail (y compris les cafés, restaurants, bars, etc.), en suivant le modèle irlandais.
La Suisse ayant signé la Convention-cadre de l'OMS, OxyRomandie milite activement pour accélérer le processus de ratification. Quant à la loi cantonale, nous pensons qu’une proposition allant dans le bon sens est en voie de préparation, et nous déployons tous nos efforts pour que l'on arrive à un projet de loi qui offre une véritable protection des personnes contre l’exposition à la fumée de tabac.

Comme préalable à l'introduction d'une loi vraiment efficace et claire (et non d'une loi alibi), il est important que le public prenne conscience de la nature véritable du tabagisme passif. Il s'agit de défaire le résultat de 30 ans de propagande et de désinformation par l'industrie du tabac à ce sujet. Il faut que les décideurs réalisent qu'il y a une forte demande pour des lieux sans fumée, que cette question ne se réduit pas - comme voudraient le faire croire les cigarettiers - à une monomanie d' « hygiénistes  », mais que c'est une exigence élémentaire de santé publique. Nous devons donc mieux informer le public de la nocivité réelle de la fumée de tabac ambiante. Beaucoup de personnes ont une impression confuse que la fumée passive est nocive, mais sans vraiment en savoir plus et sans trop s’inquiéter. En fait, elles sous-estiment largement cette nocivité. Elles doivent savoir que la fumée passive est dangereuse et qu'elle tue (les spécialistes admettent que pour huit victimes du tabagisme actif, il y a une victime du tabagisme passif, c'est-à-dire plus de 1'000 morts chaque année en Suisse – voir nos estimations). Par exemple, pour le seul cancer des poumons, la fumée passive est 100 fois plus dangereuse que la présence d’amiante dans les immeubles. Il faut que les employés qui travaillent dans une atmosphère enfumée sachent que leur santé est mise en péril. Il faut de même que les employeurs sachent qu'ils mettent en danger la santé de leurs employés en les faisant travailler dans un air pollué par la fumée de tabac. Un des objectifs d’OxyRomandie est de préparer l'opinion publique dans ce sens.

Nous prenons bonne note de vos réclamations concernant les centres commerciaux de Balexert et de Plainpalais. Nous avons déjà reçu de nombreuses réclamations au sujet de ces deux centres, et d’autres, dont celui de la Praille, allant toutes dans le même sens que la vôtre. Nous allons écrire aux sociétés responsables de ces centres pour attirer leur attention sur ce problème et leur demander d’y remédier. Nous vous tiendrons informé des résultats de cette démarche.

(Témoignage t04-004 - mars 2004)



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