Une décision de bon sens: le Festival de la Cité se libère de l'argent du tabac

Dans la quasi totalité des autres pays, à l'exception peut-être de l'Indonésie, les organisateurs de festivals n'acceptent plus de collaborer avec les multinationales du tabac.

OxyRomandie félicite Michael Kinzer, le directeur du Festival de la Cité (Lausanne) pour sa décision de mettre fin au parrainage de sa manifestation par Philip Morris et d'avoir choisi de remplacer ce sponsor embarrassant par une collaboration avec la Ligue pulmonaire vaudoise.

Cette décision n'est pas « courageuse » comme on a pu le lire, mais tout simplement logique si on se réfère aux normes éthiques et morales en vigueur actuellement dans le monde. Comme l'a d'ailleurs déclaré M. Kinzer lui-même, c'est une décision « de bon sens ». Dans la quasi-totalité des autres pays, à l'exception peut-être de l'Indonésie, les organisateurs de festivals n'acceptent plus de collaborer avec les multinationales du tabac. Ils savent que pour les cigarettiers, leur événement ne constitue rien d'autre qu'une plateforme leur permettant de faire la promotion de leur produit addictif et mortifère auprès des jeunes et des adolescents, ce qui est maintenant considéré comme moralement inacceptable et est même presque partout répréhensible.

Avec une législation sur la publicité pour le tabac très laxiste, la Suisse accuse un grand retard par rapport aux pays de la région européenne. C'est d'ailleurs l'un des derniers pays du monde à n'avoir pas ratifié la Convention-cadre pour la lutte antitabac, dont l'article 13 interdit toute forme de publicité pour le tabac, de promotion et de parrainage. (Voir Directives pour l'application de l'article 13)

Certains festivals ont fait le pas il y a déjà plusieurs années et refusent l'argent des cigarettiers (notamment le Baleinev Festival d'Yverdon, la Plage des Six Pompes à La Chaux-de-Fonds, et Vernier sur Rock à Genève) et ils ne s'en portent pas plus mal, bien au contraire.

Selon Daniel Rosselat, l'accès à la plateforme Marlboro
du Paléo Festival est « limité aux adultes »
et ses activités sont proposées « uniquement aux adultes fumeurs ».

Le directeur du Paléo Festival, Daniel Rosselat, défend sa connivence avec Philip Morris sans conviction et avec des arguments d'un autre temps. Selon lui, puisque Philip Morris sponsorise son festival depuis plus de 17 ans, il n'y a pas de raison que cela s'arrête. Le programmateur Jacques Monnier a confirmé au journal 24Heures que Philip Morris est un sponsor important, ajoutant « Nous pourrions survivre sans, mais il y aurait une incidence sur le prix ». Cependant, l'argent du tabac ne couvre qu'une petite fraction du budget de la manifestation. Nous avons appris récemment par la presse que la totalité des billets de l'édition 2015 du Paléo s'est vendue en 55 minutes sur Internet. L'incidence sur le prix du manque à gagner au cas où le sponsor cigarettier viendrait à faire défaut (et dans le cas improbable où il ne serait pas remplacé) aurait probablement pour conséquence que la vente en ligne de la totalité des billets prendrait peut-être 60 minutes au lieu de 55. Rien donc ne justifie la compromission de ce festival avec Philip Morris.

La question de cet immoral parrainage peut être résolue facilement et rapidement : comme vient de le montrer l'organisateur du Festival de la Cité, il suffit d'un sens minimum de l'éthique et de la volonté de mettre en accord ses actes avec sa conscience.

 

 


2015.06.12/pad