Nouveau site
« Pour une Suisse romande où il fait bon respirer »


« ...de plus en plus en plus de fumeurs réalisent à quel point la cigarette sent la tromperie. Et cette prise de conscience, c’est le moment sublime qui peut faire la différence entre la vie ou la mort – la différence entre rester fumeur, avec une épée suspendue sur la tête, ou arrêter d’engraisser les fabricants de cigarettes... Car vous avez le pouvoir de faire ce qu’ils craignent le plus : arrêter d’acheter leurs produits ! »

« ...on a 84% plus de chances de réussir son arrêt, lorsqu’on travaille dans un lieu sans fumée. »

Et si je me libérais du tabac ?

Avec son aimable permission, nous reproduisons ci-dessous un article du Dr Rodrigo Tango publié par un magazine de santé de Genève en même temps que la présente version en ligne. Le lecteur trouvera à la fin de ce dossier la liste complète et commentée des références citées dans l'article. Le Dr Tango indique en particulier que les interdictions de fumer dans les lieux de travail et les lieux publics favorisent l'arrêt du tabac et augmentent considérablement les chances de sa réussite.

Le Dr Tango est un médecin passionné pour la santé publique et la tabacologie. Il vous donnera volontiers plus de détails sur les sujets abordés dans cet article, lors de son stage aux Mardis du CIPRET (5, rue Henri-Christiné, à Genève, chaque mardi à partir du 29 août 2006, de 12 h 30 à 14 heures)

 
 

Imaginez une épée suspendue au-dessus de votre tête et qui ne tient qu’à un fil. Quand on fume, c’est comme si on était sous une telle épée – on prend des vrais risques et on ne sait pas quand les conséquences arriveront. Mais quel est le risque d’être tué par le tabac, au juste ? En tant que médecin, je me suis intéressé à cette question. J’ai trouvé la réponse dans une des études médicales les plus célèbres de tous les temps (référence 1). Cette étude a montré que le tabac tue un « client fidèle » sur deux ! C'est comme si on jetait une pièce en l’air en disant « pile, ma mort sera causée par le tabac ; face, je vais mourir d'autre chose ». Bien sûr, il faudra peut-être plusieurs années avant de savoir si c’est pile ou face, mais le principe reste le même. Pensez-y la prochaine fois que vous entendez le bruit d’une pièce qui tombe dans la caisse d’un distributeur de cigarettes...

En apprenant que le risque est si grand, vous vous exclamerez peut-être : « Mais pourquoi personne ne me l'a dit plus tôt, nom d'une pipe ? » Eh bien, figurez-vous que si on vous avait correctement informé dès le début (en disant explicitement que ce produit tue un client sur deux) on n'arriverait probablement pas à vous faire débourser 5 francs 80, jour après jour, pendant des années...

Je vous laisse réfléchir : on vous avait dit que la cigarette tue, mais est-ce qu’on vous avait informé clairement de la probabilité (pile ou face) ? Est-ce qu’on vous avait présenté clairement les défauts les plus marquants de ce produit, par exemple le risque plus que triplé de cécité (par dégénérescence maculaire, d'après la référence 2) ? Ou bien on vous a toujours caché des aspects qui pourraient vous faire refuser le produit ?

Autrement dit, imaginez un vendeur qui n'a qu'un seul produit à proposer, mais ce produit est plein de « vices cachés ». (L’expression « vices cachés » est plutôt gentille, car tuer un client sur deux, c'est probablement un record parmi tous les produits grand public vendus en Suisse.) Or, comment ce vendeur pourrait-il arracher de l'argent à un client intelligent, si ce n'est qu'en le trompant quant à la signification réelle des « vices cachés » ?
 

Le moment sublime de la découverte

Vous n’aimez pas qu’on vous manipule, donc vous n’avez probablement pas aimé ce que vous venez d’apprendre sur le tabac – et vous entrez dans un groupe de millions de consommateurs insatisfaits avec ce produit !

Des études montrent que, dans les pays développés, de plus en plus en plus de fumeurs réalisent à quel point la cigarette sent la tromperie. Et cette prise de conscience, c’est le moment sublime qui peut faire la différence entre la vie ou la mort – la différence entre rester fumeur, avec une épée suspendue sur la tête, ou arrêter d’engraisser les fabricants de cigarettes... Car vous avez le pouvoir de faire ce qu’ils craignent le plus : arrêter d’acheter leurs produits !
 

Les pièges à éviter

Vous savez qu’il est possible de vous débarrasser de la cigarette et vous connaissez certainement des personnes qui l’ont fait. Toutefois, ne sous-estimez pas votre adversaire : son arme principale pour vous faire échouer, c'est la dépendance causée par la cigarette. Les différentes formes de dépendance sont à l’origine de la plupart des pièges que le « futur ex-fumeur » rencontrera le long de son parcours.

Heureusement, il existe quelques astuces pratiques qui permettent d'atténuer ou éviter ces pièges. Ces conseils pratiques ont été sélectionnés par des « grands » de la tabacologie en Suisse Romande et sont reproduits avec quelques petites explications en plus du texte original (référence 3). Ces astuces augmentent vos chances de vous libérer de l’esclavage, donc prenez-les au sérieux ; aux Mardis du CIPRET, la plupart des ex-fumeurs pourront vous confirmer que ces astuces les ont aidés.
 

Les 10 règles d'or pour réussir à arrêter de fumer
  1. Fixez une date d'arrêt et respectez-la.
  2. Après l'arrêt, évitez absolument de reprendre une cigarette, même une seule bouffée. (Le risque de rechute est trop important.)
  3. Débarrassez-vous de toutes vos cigarettes, briquets et cendriers. (Les personnes qui jettent tout disent que leur probabilité de rechute diminue.)
  4. Écrivez la liste des inconvénients du tabac et des bénéfices de l'arrêt. (La préparation d’une telle liste vous permettra de prendre une certaine « distance » et de voir le sujet sous un autre angle.) Relisez la liste pour vous motiver.
  5. Utilisez les médicaments qui atténuent les symptômes de manque (besoin impérieux de fumer, déprime, anxiété, irritabilité, insomnie, difficultés de concentration, prise de poids, appétit augmenté) et multiplient par deux vos chances de succès.
  6. Demandez aux autres de ne pas fumer en votre présence. Les premières semaines, évitez les endroits où l'on fume.
  7. Obtenez du soutien de la part de votre entourage et d'un professionnel de santé.
  8. Changez de routine pour éviter les endroits et les situations où vous aviez l'habitude de fumer.
  9. Utilisez des activités de diversion pour faire face aux besoins urgents de fumer (par exemple : se promener, boire de l'eau, gomme à mâcher). Le besoin urgent de fumer ne dure que trois à cinq minutes et il suffit d’attendre que ça passe.
  10. S’habituer à vivre sans tabac peut prendre du temps et demande souvent plusieurs tentatives.
 
Mettez toutes les chances de votre côté

A Genève, vous pouvez venir sans rendez-vous aux Mardis du CIPRET, animés par Corinne Wahl (tabacologue diplômée à Paris). Ce sont des séances de conseil ouvertes à tous, dans lesquelles nous répondons à vos questions sur le tabac et les techniques pour arrêter. Si vous hésitez à arrêter de fumer, venez discuter sans compromis. Ça coûte moins cher qu’un paquet de cigarettes (en fait, c’est gratuit) et, en prime, on ne tue pas le client !

Indépendamment de ces conseils généraux, je vous encourage vivement à prendre un rendez-vous pour un suivi individuel avec un professionnel ayant reçu une formation pour la désaccoutumance au tabac. Par exemple, il existe une consultation individuelle de désaccoutumance au tabac aux Hôpitaux Universitaires de Genève. Et si vous avez accès à Internet, le site stop-tabac.ch propose un suivi personnalisé. C’est un des cinq meilleurs sites Internet sur l'arrêt du tabac, selon une étude américaine (référence 4). Pourquoi s'en priver ?

C'est votre vie qui est en jeu – pile ou face ! – donc n’hésitez pas à mettre toutes les chances de votre côté. Il est vrai que certains fumeurs réussissent à s’arrêter sans aide. Cependant, pour d’autres l’arrêt est une véritable course d’obstacles. Ne perdez donc pas de vue cette question : quel est votre but, utiliser la méthode la plus « héroïque », ou celle qui a le plus de probabilité de marcher ? Des études scientifiques ont montré que la probabilité de succès sera doublée si vous êtes pris en charge par un professionnel qui a suivi une formation spécialisée en arrêt du tabagisme. Donc, si j’insiste sur ce point, ce n’est pas pour faire de la publicité pour mes collègues... c’est parce que ça augmente réellement vos chances de retrouver votre liberté !


Photo insolite : une main tient la cigarette, l’autre signe en demandant des lieux publics sans fumée passive... Paradoxe ? Non : « Ça m’aidera à arrêter », expliquaient les nombreux fumeurs qui ont signé.

Et il existe encore une autre façon d’augmenter considérablement vos chances de succès : travailler dans un lieu où il est interdit de fumer (si vous êtes parmi les chanceux qui ont cette possibilité). Il a été démontré que les fumeurs arrêtent plus facilement s’ils ne sont pas constamment exposés aux odeurs de tabac et autres déclencheurs de l’envie de fumer (référence 5). Il est même décrit qu’on a 84% plus de chances de réussir son arrêt, lorsqu’on travaille dans un lieu sans fumée (référence 6). C'est pour cette raison que beaucoup de fumeurs soutiennent l'initiative populaire pour les lieux publics sans fumée, à Genève. Lors de la collecte de signatures, ces fumeurs expliquaient : « Ça va m'aider à arrêter ». Certains ont même signé l'initiative la clope au bec ! Cela illustre à quel point les lieux sans fumée sont importants pour éliminer ces déclencheurs qui causent beaucoup de rechutes.

En plus, les lieux sans fumée peuvent également sauver les vies de bébés ! Dans un rapport de l'Organisation Mondiale de la Santé, il est signalé que le risque de mort subite du nourrisson augmente quand les bébés sont exposés à la contamination de l'air par la fumée passive de cigarettes (référence 7). Peut-être cela paraît nouveau pour vous, mais ce n'est plus un scoop : ce rapport de l’O.M.S. date de 1999 et, aujourd’hui, plusieurs autorités médicales ont déjà reconnu que la fumée passive cause la mort subite du nourrisson (références 8 et 9). Pour beaucoup d’ex-fumeurs, ce genre d'information constitue une raison émotionnelle très forte pour arrêter (lecture conseillée : référence 8). Savoir que l’arrêt du tabac peut sauver votre vie, cela donne déjà à réfléchir. Mais savoir que ça peut sauver la vie d’un bébé, cela donne une raison impérieuse pour essayer ! Bon courage – et rappelez-vous que des professionnels de la santé existent précisément pour vous soutenir tout le long du chemin.



Références :

  1. Il s’agit de l’étude historique de Sir Richard Doll, republiée dans le British Medical Journal du 26 juin 2004, volume 328, numéro 7455, pages 1529-33. Vous pouvez la trouver dans n’importe quelle bibliothèque de médecine ou sur www.bmj.com.
  2. Sur l’augmentation du risque de cécité chez les patients fumeurs et la méconnaissance de ce risque, voir par exemple l’éditorial “Smoking and blindness – Strong evidence for the link, but public awareness lags”, paru le 6 mars 2004, dans le British Medical Journal, volume 328, numéro 7439, pages 537–538, ou sur www.bmj.com.
  3. Stop-tabac : Un guide pour aider vos patients à arrêter de fumer. J. Cornuz, V. El Fehri, J.F. Etter, J.P. Humair, E. Laszlo. www.stop-tabac.ch/fr/documentation.html. En plus de la documentation, on peut trouver des témoignages sur ce même site ; certains sont superbes !
  4. Revue Nicotine and Tobacco Research, avril 2004, volume 6, numéro 2, pages 207-219.
  5. Les lieux de travail sans fumée vous aident à arrêter ou à fumer moins. Étude publiée dans le British Medical Journal, 27 juillet 2002, volume 325, numéro 7357, page 188, ou www.bmj.com.
  6. Legacy Tobacco Documents Library, University of California, San Francisco : “popular documents”. legacy.library.ucsf.edu/popular_documents.html. Cette référence est un des documents secrets qui sont entrés dans le domaine public après un procès. Il faut voir absolument la page destinée aux documents plus populaires, même si vous ne lisez que les petits résumés. Je vous promets que vous n'en croirez pas à vos yeux !
  7. Organisation Mondiale de la Santé: International consultation on environmental tobacco smoke and child health report. Genève, 1999, ou www.who.int/tobacco.
  8. Article sur la fumée passive et la mort subite du nourrisson. Je le conseille à ceux qui cherchent une raison émotionnelle très forte pour arrêter de fumer (cela marche aussi pour ceux qui n’ont pas de bébé, mais il faut lire pour comprendre pourquoi). Revue Pediatrics de mars 2005, volume 115, numéro 3, pages E356-E366, disponible sur pediatrics.aappublications.org/cgi/content/full/115/3/e356, ou sous commande dans toutes les bonnes bibliothèques de médecine.
  9. U.S. Department of Health and Human Services: The health consequences of smoking: A report of the Surgeon General, Atlanta, 2004.

(Dossier 06-005 - 2006-08-15)



Retour page d'accueil
OxyRomandie - 2 rue de la Fontaine - CH-1204 Genève - info@oxyromandie.ch