13 janvier 2005 - Le 10 janvier, l’Italie a banni la fumée de tabac de tous les lieux de travail, y compris les bars, cafés, restaurants et discothèques. Une seule exception est concédée à ces établissements : ils peuvent offrir à leur clientèle des « fumoirs », c’est-à-dire des espaces physiquement séparés, par exemple par une porte coulissante, et munis de leur propre système de ventilation, qui doit renouveler au moins 30 litres d’air par seconde. D’autre part, la pression de l’air dans ces « fumoirs » doit être inférieure à celle du reste de l’établissement, de sorte que les mouvements de l’air ne se fassent que dans un sens et que l’air enfumé ne vienne pas polluer les autres salles.

Les cafetiers et restaurateurs, les patrons de bars et discothèques avaient deux ans pour préparer la transition et mettre en place de tels « fumoirs » s’ils le désiraient. Près de 95% d’entre eux ne l’ont pas fait et ont donc opté, par défaut, pour une solution 100% sans fumée.

Une récente enquête a montré que la mesure entrée en vigueur ce 10 janvier a le soutien de 83% des Italiens. Si on s’en réfère à l’exemple irlandais, on peut d’ores et déjà prédire que ce pourcentage n’ira qu’en augmentant avec le temps, lorsque les Italiens prendront pleinement conscience du gain de confort et de qualité de vie qu’il retireront de cette décision. Il faut saluer le courage politique du ministre de la santé, Girolamo Sirchia, qui s’est engagé résolument dans la voie de la protection des personnes contre les méfaits du tabagisme passif, et du tabagisme tout court. Il faut dire que le tabac tue chaque année 80'000 personne dans son pays. En Irlande, six mois après l’introduction de l’interdiction de fumer dans les pubs et restaurants, la population de ce pays plébiscitait la mesure, puisque 95% d’entre eux l’approuvaient en la déclarant un progrès pour la santé publique.

Les fumeurs italiens ne représentent que 26% de la population. Ils sont en majorité favorables à l’interdiction de fumer sur les lieux de travail, car beaucoup sont incommodés par la fumée des autres et espèrent que cette mesure va les aider à se libérer d’une addiction dans laquelle ils regrettent être tombés.

Il reste une toute petite minorité de fumeurs irréductibles, qui se manifestent bruyamment et de façon parfois pittoresque. Il ne nous surprendrait pas que certains d’entre eux soient d’ailleurs des « agitateurs » au service de l’industrie du tabac, qui, on s’en doute, va tout faire pour donner à ces manifestations très isolées le plus grand impact médiatique, alors qu’elles ne sont nullement représentatives de l’opinion générale. Mais les Italiens peuvent être sereins : cette agitation cessera d’elle-même, car l’évidence que leur ministre de la santé a fait le bon choix va vite s’imposer et finira par convaincre même ses détracteurs les plus récalcitrants.

(Dossier 05-002 - 2005-01-13)