10'000 emplois créés dans la restauration depuis l'interdiction de fumer

Le lobby du tabac prétend que la législation interdisant de fumer dans les bars et restaurants est mauvaise pour les affaires, mais les recettes fiscales prouvent le contraire.

New York, 6 janvier 2004 - La loi interdisant de fumer sur tous les lieux de travail, y compris les bars, cafés et restaurants, est entrée en vigueur en mars 2003 à New York, et depuis les affaires de ce secteur sont en plein boom. Selon Martha Stark, la Commissaire aux Finances, « les bars et restaurants de New York ont payés 12 pourcents de plus de taxes dans les mois qui ont suivi l'introduction de la loi par rapport à la période correspondante en 2002. »

D'avril à septembre 2003 (dernières données disponibles), le département a perçu 12 millions de dollars de taxes sur le chiffre d'affaires des bars et les restaurants, alors que les entrées fiscales pour la même période en 2002 était de 10.8 millions. « Bien que ces statistiques soient beaucoup moins importantes que le nombre de vies qui seront sauvées grâce à la nouvelle loi, elles constituent néanmoins une bonne indication que les New-Yorkais s'adaptent très bien aux interdictions de fumer, » a ajouté Martha Stark.

En plus d'une augmentation des chiffres d'affaires, près de 10'000 nouveaux emplois ont été créés par l'industrie hospitalière new-yorkaise, selon les données du Département du Travail de l'Etat de New York.

Joe Cherner, fondateur de BREATHE (Bar and Restaurant Employees Advocating Together for a Healthy Environment) observe que l'expérience new-yorkaise n'est pas différente de celle d'autres villes qui ont introduit une loi similaire. « Toutes les études validées par des groupes d'expert et basées sur les recettes fiscales [Ndlr: c'est-à-dire sur des données incontestables, et non sur des rumeurs ou des enquêtes orientées] montrent qu'un air sans fumée est à la fois bon pour la santé et bon pour les affaires, » ajoute-t-il. « Il est normal que certains bars et restaurants perdent de l'argent et ferment. Cela n'a rien à voir avec le fait de fournir un environnement non pollué à la clientèle. Ce type de commerce a un taux de rotation très élevé. Un bar ou un club qui était à la mode l'année dernière peut très bien ne plus l'être cette année. »

Selon l'enquête de la revue Zagat, 91 restaurants ont fermé depuis l'entrée en vigueur de la loi new-yorkaise interdisant la fumée sur les lieux de travail. Dans le même laps de temps, 174 nouveaux restaurants ont ouverts, et beaucoup d'autres ouvertures sont déjà programmées, toujours selon Zagat.

En 1995, la Californie a été le premier état américain à mettre en place une loi protégeant tous les employés contre la fumée passive sur leur lieu de travail, y compris les bars et restaurants. Depuis, cinq autres états, Delaware, New York, Connecticut, Maine et Massachusetts, ont adopté des législations interdisant de fumer sur tous les lieux de travail. D'autres états vont suivre en 2004.

« Le lobby du tabac fait ton son possible pour que les médias donnent le maximum de publicité aux commerces qui perdent de l'argent, » nous dit Joe Cherner. «Mais la vérité est que pour un perdant, il y a deux gagnants. »

Ndlr En Europe, trois pays, l'Irlande, la Norvège et la Suède, ont déjà décidé d'introduire des lois similaires à celle de l'Etat de New York. Une telle législation est aussi à l'étude par l'Union Européenne. Si la Suisse campe sur son immobilisme en matière de protection contre le tabagisme passif, on risque de voir se profiler une Europe au centre de laquelle la Suisse sera le bastion où viendront s'agglutiner tous les fumeurs irréductibles d'Europe - il ne restera alors plus qu'aux Suisses non-fumeurs qui tiennent à leur santé de s'exiler en demandant l' « asile sanitaire » à l'UE!

(Adaptation française par OxyGenève d'un communiqué de Joseph W. Cherner de SMOKEFREE.net) 2003)

Voir aussi notre dossier sur l'enquête Zagat.

(Dossier 04-001 - 2004-01-06)