Un trains entièrement non-fumeur est la seule solution efficace pour
protèger vraiment les non-fumeurs de l'exposition à la fumée passive.
Voici le courrier que nous avons adressé le 3 février à la
présidente de l'association des parents d'élèves de la Dôle :
Madame la Présidente,
Je vous adresse ce message pour vous apporter le soutien de mon association,
OxyGenève, à votre revendication d'instaurer une politique non-fumeur dans le
train Nyon-Saint-Cergue.
J'ai lu dans la presse que le directeur du Nyon-Saint-Cergue considère une
mesure d'interdiction de fumer dans tout le train comme étant "radicale". Ce
n'est pas une mesure radicale, c'est simplement la seule qui soit vraiment
efficace du point de vue de la protection des passagers. Dans le TGV, par
exemple, il ne reste plus qu'un demi compartiment 2ème classe qui soit fumeur -
le reste du train étant totalement non fumeur (soit 95% du train), à la demande
des clients, fumeurs et non-fumeurs. L'interdiction de fumer s'est généralisée
dans les avions, même dans les vols intercontinentaux, pour protéger le
personnel et les passagers. Un avion est un espace clos dans lequel l'air est en
circuit fermé. Mais un train est aussi un espace clos dont l'air n'est pas
régénéré à tout instant. Le personnel et les passagers méritent autant que l'on
protège leur santé et leur confort dans un train que dans un avion. La durée du
voyage du Nyon-Saint-Cergue étant beaucoup plus courte, c'est un effort minime
qui est demandé au fumeurs de s'abstenir. D'autre part, la santé et le confort
des passagers doivent être prioritaire par rapport à la dépendance tabagique des
fumeurs.
Lorsqu'il y a de la fumée dans un espace clos, même lorsque celui-ci est
composé de deux compartiments, cette fumée tend rapidement à occuper la totalité
de l'espace, et y persiste longtemps après que les fumeurs aient quitté le lieu
(plusieurs jours ainsi qu'une récente étude californienne vient de le montrer).
Lorsqu'un train est composé de deux wagons, ce n'est pas une solution d'en
désigner un comme fumeur et l'autre comme non-fumeur. La proportion des fumeurs
en Suisse dans la population adulte est d'un tiers à peu près. Lorsque le train
est plein, il y a forcément des passagers qui doivent aller dans le wagon fumeur
et subir un taux de tabagisme élevé, puisque les fumeurs y sont en surnombre.
Par exemple, le taux de monoxyde de carbone dans un tel espace peut avoir des
conséquences néfastes sur le bébé d'une femme enceinte, ou sur une personne âgée
souffrant de troubles respiratoires. Lorsque des écoliers utilisent un train
enfumé, cela peut causer des maladies respiratoires et des otites. Sans compter
les éventuelles répercussions à long terme, dont nous savons encore peu de
choses. Par exemple, il est suggéré que l'exposition à la fumée passive d'une
adolescente augmente ses risques de cancer du sein.
Le directeur du Nyon-Saint-Cergue se refuse à poser des autocollants,
avançant qu'il n'aurait pas les moyens de faire respecter l'interdit. C'est une
argument spécieux. Les jeunes respectent avec une discipline étonnante
l'interdiction de fumer dans les McDonalds, et, bien que n'étant pas un client
assidu, je n'ai jamais vu qui que ce soit intervenir pour faire respecter cet
interdit. Le directeur du Nyon-Saint-Cergue sous-estime la capacité des jeunes à
s'auto-discipliner. Dans les McDonalds, une petite plaque dit Nous vous
remercions de vous abstenir de fumer par respect pour les autres clients.
Peut-être pourriez-vous suggérez au directeur, plutôt que de barder son train de
signaux d'interdiction de fumer, de mettre sur chaque porte du train, bien
visible, une notice disant Nous vous remercions de ne pas fumer dans ce
train par respect pour les autres voyageurs.
Même s'il y a des infractions - et il y en aura, surtout au début - une
politique d'interdiction de fumer change radicalement la donne. Lorsqu'il n'y a
pas d'interdiction, le fumeur considère que c'est son droit le plus élémentaire
de fumer, et traite d'intolérant le non fumeur qui souffre de la fumée et qui
oserait lui demander d'arrêter. Lorsqu'il y a une interdiction, ce contexte
psycho-social est complètement transformé: celui qui fume viole la règle, qu'il
y ait quelqu'un pour la faire respecter ou non. Le non-fumeur est beaucoup plus
à l'aise pour demander que le fumeur s'abstienne, car il est dans son droit et
ne demande que le respect de la règle. De plus, contrairement à l'idée reçue, la
plupart des jeunes n'aiment pas braver les interdictions - leur aspiration est
de s'intégrer dans un ordre social. Ce qu'ils reprochent aux adultes, c'est la
désintégration de cet ordre social, car cela leur enlève des repères et des
points d'appui. La démission, quand il ne s'agit pas de compromission, face au
problème du tabagisme fait partie de cette désintégration.
Si vous le désirez, nous pouvons soumettre nos réflexions au directeur du
Nyon-Saint-Cergue ou à tout autre interlocuteur que vous nous désignerez. Nous
pouvons aussi simplement envoyer une lettre exprimant notre soutien à votre
revendication.
Vous pouvez naturellement communiquer à votre guise ce message à vos autres
membres.
Avec mes salutations les plus cordiales,
Pascal A. Diethelm
Président
OxyGenève
(Dossier 03-001 - 2003-02-03)